Du 23 janvier au 31 mars
Vernissage le 23 janvier à 18h30
Naturomancie – Gabrielle Decazes
Première lauréate du Prix Quinconce, Gabrielle Decazes investit l’espace de la galerie, fermée au public pendant l’hiver. Derrière les vitrines se dessine un paysage construit à partir de plusieurs séries d’œuvres.
Semblables à des étagères ou présentoirs- telle un clin d’œil aux vitrines des commerçant·e·s de Montfort, mécènes du projet – l’installation Regarder les mers tomber présente trois grandes armatures d’acier. Sur chacune d’elles sont suspendues des bâches où sont imprimées des vues
de cascades légèrement floues, presque irréelles, fantomatiques. Cette impression est créée par la superposition de prises de vue des touristes. Ces images peuvent alors devenir – ou sont déjà ? – des souvenirs de ce qu’ont été ces lieux avant leur disparition.
Encadrées par les armatures, les Pierres liquides sont à la fois dessin et sculpture. Cette dualité se retrouve au sein même de l’œuvre : la forme de la chaîne de montagne dessinée est reprise par le bloc de béton sur lequel elle est représentée. Entre la maquette et la ruine, les Pierres liquides renvoient aux pensées des romantiques où la ruine, trace du passé, devient la représentation de leur propre avenir, une allégorie de leur existence.
Entre les structures en acier se glissent Les Paresseuses. Ces colonnes de béton cellulaire, semblables à des stalagmites, témoignent autant de leur propre fragilité que de celle du vivant. À chaque exposition, l’artiste les reponce légèrement laissant un tas de poussière au sol, une trace de leur usure.
Disséminées tout au long de l’exposition, les Pétrifiés viennent rythmer l’installation. Ces sculptures, réalisées à partir de plâtre et de déchets, ne sont pas sans rappeler fossiles et ossements.
Ainsi placées dans un écrin de verre, ces œuvres transforment l’espace de la galerie en vitrine d’un musée d’histoire naturelle, tel un diorama. Ces panoramas présents dans les musées, ont pour vocation à reproduire des scènes issues du quotidien. Ici, l’artiste joue des codes qui leur sont attribués : éclairage à l’aide de spots, jeux d’ombres, recherche de profondeur, scène légèrement surélevée par rapport aux passant·e·s.
Gabrielle Decazes embarque les spectateur·rice·s dans un voyage immobile : sans se déplacer, tous·te·s se retrouvent tantôt en haut d’une montagne tantôt au bord d’un point d’eau ou au cœur d’une grotte. Bien que ces paysages semblent dénués de vie humaine, les matériaux utilisés – le plâtre, l’acier, le béton, les déchets – rappellent qu’au contraire, ils sont contrôlés et altérés par l’être humain.
La naturomancie, ou la capacité divinatoire de la nature, trouve ici un nouvel écho à l’ère de l’Anthropocène. La faune, la flore, et même la roche portent la marque du passage de l’être humain sur Terre. À jamais transformé, l’environnement présente déjà les traces de ce que pourrait être son avenir. Gabrielle Decazes révèle alors une nature sublimée entre illusion et objet de consommation qui, à force d’être trop regardée, s’use et tend peut-être à disparaître.
Pour en savoir plus sur l’exposition et le travail de l’artiste, des podcasts seront prochainement postés sur cette page.
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Liste des œuvres :
EXTRAITS, Dessins à la poudre de graphite, eau, liant acrylique papiers Montval 600g, formes, dimensions et présentations variables.
REGARDER LES MERS TOMBER, 2021 Installation, impressions sur bâches, structures en acier, 200 x 36 x 155 cm.
LES PÉTRIFIÉES, 2021, sculptures, déchets collectés, plâtre, huile de vidange, dimensions variables.
LES PARESSEUSES, 2016, sculptures en béton cellulaire, dimensions variables, .